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Un débat éthique et scientifique en pleine mutation
La prise en charge des mineurs et jeunes adultes en questionnement de genre suscite aujourd’hui une controverse internationale.
D’un côté, certains acteurs associatifs et militants défendent une affirmation rapide de l’identité déclarée (prénom, pronom, vêtements) et un accès précoce aux bloqueurs de puberté et/ou aux hormones, en s’appuyant sur des données suggérant une amélioration du bien-être psychologique. De l’autre, de nombreux cliniciens, institutions et revues systématiques des preuves (ex. Cass Review au Royaume-Uni, HHS report aux USA) rappellent la plasticité identitaire à l’adolescence et soulignent les risques liés à des interventions médicales pour la plupart irréversibles : infertilité, anorgasmie, ostéoporose, augmentation des risques de cancer, de maladies auto-immunes ou d’accidents cardiovasculaires, changements corporels permanents et dépression. Le manque de données probantes sur les bénéfices des traitements dits « trans-affirmatifs » a été également soulevé.
Des divergences ont toujours existé entre les psychothérapies exploratoires, aussi désignées par l’appellation
« thérapies d’attente vigilante », et les thérapies dites affirmatives, aujourd’hui prépondérantes.
Qu’en est-il?
Source : Shutterstock
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Les traitements médicaux ne sont pas totalement réversible.
Les prises en charge médicales précoces comportent des dangers importants lorsqu’il s’agit d’enfants et d’adolescents en questionnement de genre.
- Bloqueurs de puberté : s’ils suspendent temporairement les changements corporels, ils peuvent aussi freiner ou arrêter le développement génital, fragiliser la densité osseuse, avoir un impact négatif sur la sexualité future, favoriser les cancers et influencer la maturation neurologique (Hruz et al., 2017, Pediatrics).
- Traitements hormonaux croisés : ils produisent des effets irréversibles (mue de la voix, pilosité, stérilité définitive) et nécessitent une vigilance face aux risques cardiovasculaires et métaboliques (HHS 2025).
- Chirurgies dites de réassignation : lourdes et définitives, elles restent généralement réservées à l’âge adulte selon les recommandations internationales, mais sont de plus en plus pratiqués sur des mineur.e.s, notamment en Suisse où des filles de moins de 14 ans ont subi des ablations des seins.
Aucune étude robuste (essais randomisés, suivi long terme, échantillons larges) n’a démontré de façon certaine que les bloqueurs de puberté réduisent durablement la détresse psychologique ou le risque suicidaire. Les données disponibles sont limitées, souvent observationnelles, avec peu de recul et des biais méthodologiques importants (sélection, auto-rapport, absence de groupe contrôle).
Le Cass Review (Royaume-Uni, 2022 puis rapport final 2024) conclut qu’il existe un manque de preuves solides sur les bénéfices psychologiques, et recommande la prudence.
L’Europe, tête de proue du revirement
Des pays comme la Finlande, la Suède ou le Royaume-Uni ont fait machine arrière sur les traitements précoces, après avoir diligenté des revues systématiques des preuves. Le rapport Cass Review (2024), commandité par les services de santé britannique NHS, le plus fouillé en la matière, a révélé un manque criant de preuves scientifiques quant à l’efficacité à long terme des traitements hormonaux précoces. Le rapport recommande désormais de sortir du modèle affirmatif exclusif pour retourner vers une évaluation psychologique globale des jeunes patients. La transition sociale est également épinglée. Depuis sa parution, le Royaume-Uni a interdit les bloqueurs de puberté et les traitements hormonaux pour les mineurs, dans l’attente d’une nouvelle consultation sur les hormones de sexe croisées. Le Tavistock a été fermé.
En Suisse, le débat demeure encore discret. Cependant, les premiers témoignages de jeunes regrettant leur traitement de « transition » — ainsi que les prises de position de certains professionnels de santé en faveur de la prudence — commencent à trouver un écho dans l’espace public.
La Société Suisse de Pédopsychiatrie, a déclaré l’an passé s’aligner sur la position de la faîtière européenne ESCAP, qui invite à la prudence et à d’abord ne pas nuire.
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WPATH, une association sous le feu des critiques
De nombreux autres pays, dont les plus avancés en matière de respect des droits des personnes LGBT, se sont officiellement distancés des directives de l’Association professionnelle mondiale de santé transgenre WPATH, qui se positionne comme l’autorité mondiale en matière de santé des transgenres.
Les derniers « Standars de soins » de WPATH soc8 ont été publiés en septembre 2022 alors que des controverses ont pesé sur la version soumise à consultation. En effet, pour la première fois, WPATH a noté le phénomène inexpliqué et grandissant d’adolescent-e-s s’identifiant comme étant de l’autre sexe et a reconnu la possibilité de contagion sociale.
Néanmoins, les standards de soin publiés ont choqué la communauté scientifique, en ôtant toute restriction d’âge pour le traitement hormonal et chirurgical des mineurs, en conseillant aux médecins de contourner les parents qui s’opposent aux traitements, en ajoutant un chapitre « eunuque » tiré de site fétichiste adulte. Genspect a publié une critique de ces standards de soin, et la NZZ s’est fait l’écho de quelques controverses.
En 2024, des scandales à répétition ont entaché la réputation de WPATH, notamment la parution des WPATH-Files qui révèlent des échanges internes démontrant que la pratique de la médecine transgenre n’est ni scientifique ni médicale. Un procès américain a également mis en lumière le fait que le gouvernement américain de Biden était intervenu dans les soc8 pour ôter les limites d’âge, ou encore que WPATH avait étouffé des études indépendantes qui démontraient pourtant qu’il n’y avait aucune preuve des bénéfices des traitements pour les jeunes.
WPATH est l’association sur laquelle s’appuient régulièrement le Conseil Fédéral, des médecins cantonaux, des médecins, des institutions politiques suisses et des associations LGBT pour justifier les soins dits « d’affirmation du genre » pour mineurs, ainsi que l’approche dite « trans-affirmative ».
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